lundi 30 août 2010

Quand l'ONU nous donne des leçons

Autant dire que j'ai beaucoup de mal avec l'idée de déchoir quelqu'un de sa nationalité, ou d'expulser de son pays d'accueil un ressortissant étranger, mais il faut aussi savoir se remettre en question dans certains cas.

Vous l'avez compris, le sujet concerne le renvoi des Roms de France. Je n'arrive pas à cautionner cette situation, car elle va à l'encontre de mes valeurs. Cependant, je fais également un lien de cause à effet, entre les problèmes soulevés par cette communauté en France et son renvoi du pays.

Lorsque j'entends un homme de retour en Roumanie nous dire que La France est un Eldorado, qu'il est facile d'y gagner de l'argent, qu'il suffit juste d'investir dans une paire de béquille pour faire la mendicité, je reste perplexe. Lorsque je vois que des enfants de moins de 10 ans sont mis à contribution pour gagner leur vie de cette même façon, alors que l'éducation est gratuite et accessible à tous en France, je continue de m'interroger. Peut-être qu'à trop abuser de la situation, il arrive un moment où il faut savoir en assumer le coût.

Tout ça pour en venir à commenter la réaction de l'ONU face à la décision récente du gouvernement. Loin d'être un fervent défenseur de la façon de faire générale de nos dirigeants, et moins encore de celle-ci, je prends néanmoins le temps de considérer les raisons de cette décision. A l'inverse, l'ONU donne l'impression de préférer taper sur La France pour le plaisir de se dresser contre Sarkozy. M'entendre dire par un expert togolais, pays soumis à une dictature transmise de père en fils, que le pays est enclin à "une recrudescence notable du racisme et de la xénophobie", me laisse dubitatif quant au recul en matière de droits de l'homme. Qu'un expert nigérien nous assène la phrase suivante : "Le carnet de circulation nous rappelle l'époque de Pétain", alors que rien n'a encore été fait suite à l'assassinat de Michel Germaneau, et que le pays n'a toujours pas planifié d'élections suite au putsch de février, me paraît un peu emporté.

Je n'essaye pas de stigmatiser l'un ou l'autre de ces pays, pour lesquels je souhaite d'ailleurs que leur peuple soit enfin libre d'accéder aux ressources de leur terre, mais je souhaite simplement bien resituer le contexte, car je trouve que les propos tenus ne sont pas très dignes de la fonction à laquelle prétendent répondre ces messieurs.

Tout d'abord, La France n'est pas le seul pays à prendre ce type de mesure. Ensuite, que fait La Roumanie de l'aide financière que lui apporte l'Union Européenne ? Et finalement, ne faut-il pas commencer à se dire qu'il serait temps de faire face au problème ?

Alors, messieurs les bien-pensants de l'ONU, sans vouloir vous dire d'aller balayer devant vos portes avant de venir balayer devant la notre, j'aimerais juste vous rappeler que non seulement vos prises de position sont simplistes, voire enfantines, mais qu'en plus elle ne font rien avancer, proposant juste de déporter la résolution du problème dans le temps.

Au risque de me répéter, je ne cautionne pas cette décision et suis rarement d'accord avec ce que fait notre gouvernement, je les trouve d'ailleurs souvent proche du fascisme ou du totalitarisme, mais dans la situation présente le jugement est trop facile. Attardons-nous plutôt à critiquer le manque de réflexion, l'emportement, la récupération électorale, mais laissons surtout Pétain là où il est, si l'on ne fait pas l'effort d'étayer un peu plus ses conclusions et de proposer des solutions.

vendredi 27 août 2010

Des propos délétères ?

Mais qui sont donc ces journalistes du journal Marianne pour avoir osé insulter Notre Puissant Seigneur ? Le traiter de "Voyou de la république"! Nous parlons quand même du Président de La République ! Vils faquins que ces journalistes, les plus fidèles de leurs lecteurs (cf. édition du 21/08/2010) s'insurgent devant cette hégémonie médiatique, faisant que la presse se sent libre de dire ce qu'elle pense. Il ne manquerait plus que la liberté de la presse redevienne un des fers de lance de notre démocratie.

Heureusement nos plus éminentes têtes pensantes réagissent avec ferveur, face à cette honte médiatique. Nadine Morano avec véhémence ou encore Christian Estrosi avec humour ont su, une fois encore, faire preuve de courage et de pragmatisme pour défendre fièrement les valeurs de notre république. Et c'est notre secrétaire d'état à la famille qui apporte même une solution : "Marianne doit "changer de nom" ou présenter "des excuses publiques" pour sa une sur Sarkozy, "le voyou de la République"". Exactement dans le ton de notre pays : muselons un peu ces médias pernicieux, comme nous le rappelait le patron de l'UMP, Xavier Bertrand, dénonçant leurs "méthodes fascistes", et revenons à de vraies valeurs. Définissons entre honnêtes gens ce qu'est la liberté de la presse, comme nous le laisse à penser Patrick Ollier, député UMP, qui préjuge des limites de la liberté de la presse.

Comme tout cela est touchant. Dès lors que l'on tente de prévenir les français de la vérité à laquelle ils font face, ils se choquent, ils s'offusquent, ils n'assument plus, ils se désolidarisent. Au final, le constat est qu'ils rejoignent la façon de penser des deux premiers zozos cités précédemment. Rappelons-nous quand même de qui l'on parle, pour bien comprendre à qui s'associent ces lecteurs bienveillants.
Christian Estrosi, ministre de l'industrie et formidable donneur de leçon aux maires de France, prêt à prendre des sanctions complètement partiales sans aucun critère de jugement valable, pour faire "payer les maires laxistes".
M. Estrosi encore, fervent militant du clivage ethnique, nous rappelant dans le cadre de la déchéance de la nationalité que : "Bien évidemment, quand on est français de première génération et que ça fait 30 ans, 40 ans, 50 ans qu’on a exercé des responsabilités sociales, familiales dans notre pays, on n’est pas concerné".
Nadine Morano, secrétaire d'état en charge de la famille, et xénophobe de base nous expliquant : "Moi, ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c'est qu'il aime son pays, c'est qu'il trouve un travail, c'est qu'il ne parle pas le verlan, qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers".

Voilà ici des exemples auxquels nous pourrions associer ces pauvres lecteurs de Marianne tellement outrés par cette une. Intéressant, non ?

Mais au delà de cette capacité à suivre le mouvement bien pensant, à se défier de tout libre-arbitre pour se fondre dans la masse, vous êtes vous demandés vraiment s'il ne s'agissait pas d'un voyou ?
Croyez-vous que lorsqu'il entame un discours aux agriculteurs en expliquant qu'il ne va pas leur faire un discours qu'ils ont déjà entendu, alors même qu'il reprend mot pour un mot un discours qu'il leur a servi 8 mois plus tôt, ce n'est pas un voyou ? Croyez-vous que lorsqu'il annonce pendant sa campagne qu'il ne touchera pas à l'âge minimum légal de départ à la retraite et que, 3 ans plus tard, il demande de le faire à l'un de ses filous de ministres, ce n'est pas un voyou ? Croyez-vous que lorsqu'il va faire la morale dans une université américaine, ce n'est pas un voyou ? Et il est possible d'en énumérer plus de 20 pages… Alors si vous en doutez, ou si vous trouver honteux d'employer ce terme pour parler de cet homme, ou si vous penser qu'il est odieux de le dénoncer, je n'aurais qu'une citation à vous proposer – comble de l'ironie, elle est de Notre Seigneur lui-même – "Casse-toi, pauv' con!".

lundi 16 août 2010

Démagogie outrancière

Si l’on me demandait de ne citer qu’une unique personne dotée d’une faculté d’analyse proche de celle d’une moule, je choisirais sans hésiter le porte-parole de l’UMP, M. Frédéric Lefebvre.

Dans
une interview au Figaro le 08 août 2010, il revient sur le débat sécuritaire, fer de lance de notre monarchie.

A la question, consciemment naïve, sur la relance du débat sur l’insécurité comme déclencheur de la campagne de 2012, monsieur Lefebvre, non seulement ne répond pas, mais y va de son analyse : "Mais la très forte abstention aux régionales a traduit de nouvelles attentes des Français, notamment sur la question des gens du voyage et des Roms. Ils veulent aussi une fermeté totale contre l'économie souterraine, cancer des sociétés modernes auquel nous avons décidé de déclarer la guerre." D’après lui, l’abstention aux régionales serait due à un problème lié au gens du voyage ainsi qu’à l’économie souterraine (entendons par là trafic de stupéfiants). Nous voilà donc rassurés, il ne s’agissait pas d’un revers de notre monarchie suite à un ras-le-bol populaire, mais plutôt un ras-le-bol de la gauche au pouvoir dans les régions, car c’est bien la gauche qu’il stigmatise. En début de réponse il ose nous dire : "La sécurité a été un enjeu en 2002 car la délinquance générale avait augmenté de 15 % après les années Jospin et il a fallu toute l'énergie de Nicolas Sarkozy pour inverser la vapeur. Résultat, après huit ans : la délinquance a baissé de 17,5 %." Je vous renvoie une énième fois au
bulletin de l’ONDRP (Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales), dans lequel il est dit que l’atteinte aux biens a, en effet, baissé de 17,5 %, mais que l’atteinte volontaire à l’intégrité physique a augmenté de 16% en 5 ans et que les escroqueries et infractions économiques et financières ont augmenté de 12% sur la même durée. Il serait quand même bon, ami journaliste, de prendre ce gugusse en frontal lorsqu’il raconte n’importe quoi.

Fort de ce ramassis d’âneries, le monsieur se sent complètement débridé et nous raconte que : "Nicolas Sarkozy a eu beaucoup de bâtons dans les roues depuis 2002, mis par une gauche qui est dans un déni tactique de la réalité pour faire monter le FN". Impressionnant, il utilise les reproches faits à la droite pour expliquer les problèmes que lui pose la gauche. Non seulement il ne réfléchit pas, mais il manque tellement d’arguments qu’il va jusqu’à utiliser ceux servant à décrier son parti.

Et de conclure : "C'est la gauche qui se sert de cette affaire [NDLA : l’affaire Bettencourt] pour faire diversion, parce qu'elle n'a pas le courage de prendre position sur la délinquance, comme sur les retraites." Merci de nous faire toucher le fond en nous rappelant qu’il ne s’agit que d’une simple diversion.

C’est fou le flot d’insultes qui me viennent à l’esprit après lecture des propos de ce monsieur.
Mais comment peut-on encore donner du crédit à cet homme ? Être démago est une chose, mais lorsque l'on se permet de prendre tout le monde pour des idiots, c'est faire preuve de trop de cerveau pour être investi des fonctions dont il l'est.

jeudi 5 août 2010

Un homme d’idées

Yanick Paternotte, député UMP du Val d’Oise, se présente comme un homme d’idées et un élu d’action sur son site Internet.

Il faut avouer que ce monsieur sait mettre en pratique ce qui le caractérise. Une de ses dernières idées en date serait d’en finir avec les avantages fiscaux des journalistes, qui bénéficient aujourd’hui d’une niche fiscale leur permettant de déduire jusqu’à 7500 € de leurs revenus imposables.

A vrai dire, l’idée est pleine de bon sens (elle retient même l’accord des journalistes de Marianne dans leur édition du 31/07/2010), mais attardons-nous quand même sur le contexte et la manière.

Pour ce qui est du contexte, LePost.fr nous détaille simplement le calcul du manque à gagner actuel pour l’administration fiscale et nous propose une comparaison avec la somme remboursée à Mme Bettencourt, au titre du bouclier fiscal. En deux mots, les 37390 journalistes français, s’ils ne bénéficiaient plus de cette niche fiscale permettraient, à peine, de rembourser les 30 millions versés à Mme Bettencourt en 2008. Evidemment, l’idée semble très intéressante : 37390 personnes payant l’avantage fiscal d’une unique personne.

Maintenant que le contexte a permis de rendre un peu moins crédible la luminosité du monsieur, attaquons-nous à la manière de présenter cette idée. Les propos du député au ministre du budget tels qu’ils ont été rapportés : "Comme on ne compte pas beaucoup d’amis parmi les journalistes, qu’est-ce qu’on attend pour s’attaquer à leur niche ?". Alors c’est donc ça ! Il faut être un sympathisant, que dis-je, un ami de l’UMP, pour pouvoir bénéficier d’avantages fiscaux. Et monsieur Baroin d’ajouter : "les journalistes contribueront à l'effort comme tout le monde".

Vu de ma petite bulle de néophyte de l’administration fiscale, j’en tire cette simple conclusion : identifions donc tous les contribuables avec lesquels nous n’avons pas d’affinité, afin de permettre à nos amis de profiter pleinement du bouclier fiscal.

Si, grâce aux annonces de la presse, Mme Bettencourt venait à perdre l’appui de la famille Woerth, qu’elle se console, elle pourra prochainement compter sur les journalistes.