mardi 27 juillet 2010

L'inspecteur Harry

S’il en est bien un qui sait manier le verbe et nous honorer de ses fabuleuses analyses dignes de Oui-Oui au pays des Barbapapa, c’est bien notre éminent ministre de l’intérieur. Interviewé le 21 juillet 2010 sur Europe 1, au sujet des incidents ayant eu lieu à Grenoble, monsieur Hortefeux nous a gratifiés d’un somptueux discours sur la sécurité.

Dès le début de l’interview, il s’appuie impunément sur le rapport de l’ONDRP (Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales) pour nous vanter le succès de sa politique sécuritaire. Apparemment, Marianne2, moi-même et notre ministre ne voyons pas exactement les choses de la même façon, et n’avançons pas la même analyse des chiffres (cf. post du 04/03/2010).

En brave élève de Notre Tout Puissant Souverain, il commence ensuite à répondre sur les incidents de Grenoble et Saint-Aignan par un aphorisme des plus enhardi, nous annonçant que "l’intolérable ne doit pas être toléré !", formule qu’il va ensuite nous expliquer. Et voilà, à peine deux minutes d’interview qu’il se fout déjà de notre pomme.

Passons désormais aux faits. "Le calme est revenu" à Grenoble, grâce à l’intervention de notre ministre qui a fait venir un hélicoptère, ainsi que le GIPN. Il nous précise même qui les laissera le temps qu’il faudra. Impressionnante réactivité qui nous fait dire qu’il ne faut pas rigoler avec les lois de ce pays. Par contre, si ça pète encore à Grenoble, on envoie des chars Leclerc et des F16, ou on rase carrément pour reconstruire ? J’ai bien peur qu’il faille ne pas être fier de cette mesure plutôt que de s’en enorgueillir…

Toujours dans la série : Mon Seigneur est mon mentor, éludons les questions et passons sur des sujets que nous maîtrisons. La police a effectué 1200 visites de halls d’immeuble en 3 mois, en Seine-Saint-Denis. Outre le fait qu’on se demande ce qui vient faire cette information dans cette interview, j’espère au mois que les policiers ont pris le temps de faire leur choix de boîte aux lettres, afin de nous sortir un catalogue automne-hiver. Trêve de plaisanteries, cela a pour but de "rétablir l’ordre et la sécurité". Merci Inspecteur Harry de veiller sur nous.

S’ensuit une question sur le refus de la proposition d’assises ou de grenelle sur la sécurité faite par le PS. En même temps, on imagine difficilement l’animal s’asseoir autour d’une table pour réfléchir. Plein d’humour, il nous répond : "Pas besoin de « grenelliser »" ou "marre d’être assis". J’ai presque eu de la tendresse pour cette candeur humoristique… puis il a continué : "Nous avons besoin d’action". Ouf, l’Inspecteur Harry est de retour.

Attention, celle-ci est exceptionnelle : à l’interrogation du journaliste sur le fait que le maire de Grenoble ait alerté, quelques jours avant les incidents, sur le fait que la population de la ville a augmenté de 20000 habitants en 20 ans, alors que le nombre de policiers a diminué de 120 fonctionnaires, le monsieur ne se démonte pas et nous explique qu’il s’agit d’un corps précis de la police et que si l’on cumule tous les corps de police de la ville, on s’aperçoit qu’"en réalité il y a une stabilité des effectifs". Conclusion : il est content de sa réponse. Juste un point : une phrase qui commence par "en réalité" montre d’elle-même qu’elle n’a aucun poids, puis, si le constat est vraiment la stabilité, c’est qu’il y a, malgré tout, un problème : le nombre d’habitant a augmenté de 20000 personnes, l’avez-vous oublié ?

Finissons donc en beauté en incriminant les maires de gauche qui rechignent à armer la police municipale (on pourrait aussi armer les concierges dans les halls du 93, ça éviterait de faire déplacer la police), ou qui ne mettent pas en place la vidéo-protection "indispensable pour identifier et prévenir".

J’espère que, cette année, Jean-Marie va lui faire une carte de son parti, parce qu’à force de lui faire de la publicité gratuite, il risque de lui réclamer des royalties.

Le pays des institutions …

Lorsqu’en France, il est légitime d’estimer qu’environ 3,5 millions de salariés sont payés au SMIC (environ 1056 € net par mois), il en est d’autres pour lesquels le traitement diffère un peu.

Décryptons ensemble cet ouvrage, paru en septembre 2008, coécrit par Robert Colonna d’Istria et Yvan Stefanovitch : Le Sénat : enquête sur les super-privilégiés de la République.

Voilà ce que nous y apprenons : le Sénat emploie 1260 fonctionnaires payés entre 2300 € et 20000 € mensuel. Ce personnel est néanmoins soumis à des semaines lourdes d’horaires de travail : 32 heures. Pour qu’ils puissent pleinement se reposer et soient en pleine possession de leurs moyens lorsqu’ils travaillent, ces salariés bénéficient d’environ 4 mois de congés par an.

Si par le plus étrange des hasards, ces 32 heures hebdomadaires ne suffisaient pas à réaliser pleinement leur métier, une prime de nuit leur est accordée… Prime évidemment versée s’ils ne travaillent pas de nuit. C’est un acquis "social" (l’emploi même du mot m’offusque dans le cadre de cet écrit) de la profession.

Faisons désormais un petit focus sur les sénateurs ; vous savez ces gens dont vous ne connaissez pas la fonction. Ces dames et messieurs touchent la coquette somme de 11540 € net par mois. Somme à laquelle s’ajoute la gratuité des services comme la RATP, Air France et la SNCF. A toute fin utile, ils bénéficient également d’une prime informatique, mensuelle, de 1000 € par mois ; soit la possibilité, donnée à un sénateur, d’équiper informatiquement, le temps de son mandat de 6 ans, un immeuble de 72 logements (avec un équipement plutôt correct). Allez, faîtes un effort, vous connaissez bien une tour HLM de 12 étages avec 6 appartements par palier, non ?

Je vous entends déjà me dire : "Quelle médisance gratuite, ces personnes votent quand même le budget de l’Etat, ainsi que les projets et les propositions de loi, une responsabilité qui mérite bien quelques avantages." Et bien je le conçois. Je veux bien même admettre qu’il est important de n’avoir que peu de contraintes matérielles pour avoir l’esprit libéré et prendre de telles décisions. Mais là où le bât blesse le plus, c’est que cette joyeuse bande de nantis n’est finalement qu’une bande de fumistes : 90 des 343 sénateurs sont assidus à leur fonction, 120 sont à temps partiel et le reste n’est quasiment jamais présent au Sénat. Je vous laisse tenter la même chose dans votre travail, juste pour voir… Heureusement, il existe une loi qui supprime les indemnités sénatoriales en cas d’absences répétées : plus de 3 ou 4 fois par mois. Cependant, cette loi, appliquée dans beaucoup d’autres pays comme les Etats-Unis ou l’Angleterre, n’est pas appliquée en France…

Mais cette liste de privilèges va-t-elle s’arrêter un jour ? Allez, une petite dernière pour passer une bonne soirée : si vous êtes mariés à un sénateur et que le pauvre homme ou la pauvre femme décède, vous touchez 66 % de sa retraite en tant que conjoint ; retraite minimum de 1869 € mensuels pour 6 ans de cotisation. Pour information, nous parlons de 54 % dans le privé et d’une moyenne de 1500 € de retraite mensuelle pour 40 ans de cotisation…

Le Sénat est une institution qui coûte au contribuable environ 300 millions d’euros pas an, gérés en toute opacité, car la Sénat n’est pas soumis au droit de regard de la Cour des comptes !!!

Dis papa, comment on devient sénateur ?

P.S : merci papa pour la source.

lundi 19 juillet 2010

Pourquoi une telle situation ?

Dans la nuit du vendredi 16 juillet a eu lieu un braquage, à Grenoble, ayant dégénéré, laissant pour mort un des braqueurs, âgés de 27 ans. En réponse à la mort de cet homme, le quartier duquel il est issu a fait acte de violence pendant trois jours, afin de protester contre la bavure policière.

Etrange constat que celui nous sautant aux yeux : braquer un casino, tirer à balles réelles sur la police et finalement se faire tuer en riposte semble provoquer l’ire d’un quartier entier. A ce rythme, nous verrons bientôt la presse titrer : "Un braqueur, dans l’exercice de ses fonctions, se fait tuer par un policier inconscient".

Mais comment fait-on pour se trouver dans des situations tellement insensées ? Lorsque, en réaction à ce qui se passe, notre ministre de l’intérieur nous
parle "lutte contre la délinquance", "absentéisme scolaire" ou encore "vidéoprotection", je préfère essayer de me poser des questions sur ce qui fait que nous arrivions à une telle situation.

Comment cette mère qui a perdu son fils peut avoir comme première réaction de porter plainte et d’expliquer que "la police a déconné" ou que cela "va aller loin" ? S’est-elle demandée si braquer un casino n’incluait pas des risques ? Je comprends que la perte d’un enfant soit insoutenable, mais votre fils, madame, savait ce qu’il faisait, surtout lorsqu’il s’est mis à faire feu sur la police. Avant d’attiser les braises de la haine, posez-vous donc deux ou trois questions pleines de bon sens et vous comprendrez que de chaque décision naissent des risques qu’il faut ensuite assumer. Dans le cas de votre fils, le risque était la mort et malheureusement c’est à vous qu’il incombe de l’assumer.

Il y a quand même un sacré malaise pour que nous fassions face à ce type de réaction.

Alors qu’en est-il ? D’un côté, nous avons une ghettoïsation de plus en plus visible dans et aux alentours des principales villes de France. La mixité sociale est de plus en plus inexistante dans ces quartiers devenus sensibles, c’est la pauvreté qui prédomine, nivelant de plus en plus par le bas. Des zones de non-droits se créent, la société rejette cette population, la violence est l’unique exutoire, la répression se durcit car elle est la seule solution présentée face à ce problème. D’un autre côté, nous avons une police de plus en plus armée, de moins en moins formée, à laquelle on impose des résultats chiffrés en tout point, à laquelle on octroie de plus en plus de pouvoir. Ce métier de proximité et de prévention est devenu un métier de répression à outrance, positionné au-dessus des lois. Il est donc évident que nous confrontons deux fonctionnements aux antipodes l’un de l’autre.

Peut-être serait-il temps de se pencher réellement sur ces quartiers défavorisés, peut-être faudrait-il s’accorder sur l’importance des budgets et des formations dans l’éducation nationale, peut-être faudrait-il comprendre l’objectif des budgets municipaux, peut-être que nous pourrions nous demander s’il ne faudrait pas rénover ces quartiers, plutôt que de construire des pistes cyclables ou des ronds-points soumis aux pots-de-vin des plus influents. Peut-être faudrait-il plus contrôler toutes ces personnes qui ont le pouvoir et proposer enfin des solutions à ceux qui souffrent. Peut-être pourrions-nous nous demander pourquoi ce jeune, au risque d’y perdre la vie, a préféré braquer un casino plutôt que de s’orienter vers une voie moins tortueuse ?

Combattre la violence par la violence engendre la haine et la haine engendre la violence. Peut-être que la méthode a fait ses preuves d’incompétence et qu’il serait temps de la faire évoluer…

vendredi 9 juillet 2010

Ethiquement pathétique

Direct Soir, quotidien d’actualité gratuit du soir, distribué chez tout les grands libraires (comprenez : n’importe quel présentoir à journaux des couloirs du métro), propose à Jean-Marc Morandini de rédiger, dans ses pages, un billet quotidien.

Pour mémoire, Jean-Marc Morandini n’est autre que l’ancien symbole de la télé-poubelle. Animateur de l’émission
Tout est possible sur TF1, il s’était attiré les foudres de la presse avec ce concept d’émission racoleuse. Depuis, il s’est reconverti en critique des programmes audiovisuels et cumule émission de radio sur Europe 1, émission télévisuelle sur Direct 8 et suivi des news audiovisuelles depuis son site web. Bref, le monsieur cumule un passé, ainsi qu’un présent riches en sujets exceptionnellement inutiles.

Ayant eu dernièrement la joie de feuilleter le Direct Soir, j’ai pu m’arrêter sur deux des billets rédigés par le susnommé.

Le premier (édition du mercredi 07 juillet téléchargeable sur le site de
Direct Soir) portait sur la pseudo-agression de David Pujadas, que celui-ci aurait d’ailleurs préféré éviter d’ébruiter (Merci JMM !), dans lequel, outre l’analyse démagogique digne de la préface de Oui-Oui en vacances, JMM se permet de nous dire : " Quand il se produit des incidents comme celui-là, je me demande toujours si je dois en parler pour les dénoncer – au risque de faire de la publicité à ses auteurs -, ou au contraire s’il faut garder le silence.". Le pire dans cette phrase, ne vient pas seulement du fait qu’il prenne ses lecteurs pour des idiots, en nous faisant croire à son implication, mais plutôt de la tournure par laquelle il nous fait croire qu’il n’assume pas complètement ce qu’il fait et qu’il en est presque contraint. Soyons un peu lucide, il a rédigé ce billet après que David Pujadas a dit regretter que cette affaire se soit sue et, risquant de passer une fois de plus pour un racoleur, au lieu de s’excuser, il fait acte de solidarité avec M. Pujadas. Il serait peut-être temps d’arrêter de ne prendre les gens QUE pour des cons, nous avons tous compris qu’il s’agit d’un sujet qui permet de faire du buzz, il n’est pas nécessaire de s’en justifier.

Le second article (édition du jeudi 08 juillet téléchargeable sur le site de
Direct Soir) est encore pire. JMM nous parle du suicide d’un candidat d’une émission de téléréalité, sans qu’il ne soit avéré que son acte soit ou non dû à sa participation à ladite émission. De ce billet je vais citer et revenir sur deux parties : "Pour ma part, j’ai écrit à plusieurs reprises que ce type d’émission était un danger et qu’un jour, un drame arriverait." et "La téléréalité existe depuis 10 ans en France. Les candidats sont informés des risques […]. C’est aussi à chacun de prendre ses responsabilités, des parents qui envoient leurs gamins dans ces émissions aux producteurs en passant par les diffuseurs, mais aussi et surtout les participants !". JMM se positionne donc en donneur de leçons. Pour bien comprendre, il faut juste se remettre en mémoire l’activité de JMM : son site de news fonctionne, environ à 60 %, grâce à la téléréalité, lorsqu’une émission est en cours de diffusion, tout ce qui se passe dans un loft, une ferme, les coulisses d’une émission et j’en passe, est repris inéluctablement pour faire de l’audience ; il est l’un des premiers animateurs à inviter les candidats sortant d’une émission de téléréalité sur son plateau de Direct 8, afin de décortiquer tout ce qui a pu se passer dans la vie trépidante du candidat dans l’émission ; dernièrement il a lancé son propre concept de téléréalité pour sélectionner un nouveau chroniqueur. J’estime au moins à 40 % la part de la téléréalité dans les revenus qu’il génère. Ce mec vit de ça, crache dans la soupe, feint de ne pas faire partie des gens responsables de l’essor de ce type de programme et vient, en plus, nous répéter qu’il nous avait prévenu…

J’espère, qu’avec ça, il décrochera enfin le titre, très convoité, du meilleur faux-derche du PAF.

mercredi 7 juillet 2010

Salut les moutons

N’oublions jamais que nous sommes dans l’ère de la surconsommation. Nous n’achetons pas par simple besoin, voire même pour une simple satisfaction mais uniquement pour faire tourner l’économie.

Vous en doutiez ? Heureusement Steve Jobs et Apple sont là pour vous le rappeler.
Vous ne voyez pas de qui je parle… Mais si, bien sûr, Apple, la société miracle du début du siècle, avec son génial Ipod, son formidable Iphone, ou son exceptionnel Ipad, n’en déplaise à bon nombre de travailleurs chinois de la firme, se trouvant dans une telle impasse qu’ils finissent par se suicider. Ne jugeons pas M. Jobs sur ce point (il a d'ailleurs augmenté les salaires ...), il n’est pas le seul à avoir repris le fameux slogan d’Intermarché pour le décliner à La Chine : "Le pays où la vie est moins chère !", attardons-nos plutôt sur ce qui le rend bien plus sympathique.

Avant tout, si l’on m’y invitait, je décrirais l’évolution de la consommation de la manière suivante :
  1. Les consommateurs ont des besoins, sans présager qu’il s’agisse de besoins vitaux ou non. Des marchés se créent dans lesquels s’engouffrent des sociétés de productions répondant aux besoins de ces consommateurs. Fonctionnement plutôt binaire de l’offre et de la demande.
  2. Une fois la réponse à leur besoin obtenue, les consommateurs ont de nouveaux objectifs : minimiser le coût d’achat pour un même produit, faire en sorte qu’un produit dure dans le temps, n’acheter qu’un unique produit pour plusieurs besoins… bref, réduire leur consommation d’un précédent besoin. C’est à partir de ce moment que la concurrence prend tout son sens : moindre prix, meilleures performances, qualité à l’épreuve du temps. Fonctionnement gagnant-gagnant pour le consommateur et l’entreprise.
  3. A partir de ce point, il va commencer à falloir pervertir le système. Les entreprises s’aperçoivent qu’elles pourraient générer plus de profit en allant à l’encontre des trois précédents axes de la libre concurrence. Malheureusement, cela reviendrait à perdre sa clientèle pour uniquement en conquérir une nouvelle, car il est impossible de jouer sur les trois axes. Pour palier à cela elles rachètent la concurrence ou créent des trusts pour se retrouver dans des situations de monopole et ainsi pouvoir orienter le marché pour leurs propres profits. L’entreprise ou le trust peut alors jouer librement sur les prix mais doit garantir de la qualité pour éviter d’être rachetée à son tour. Cela ne marche que pour des besoins devenus indispensables (exemple des opérateurs téléphoniques). Soit dit en passant c’est normalement illégal.
  4. Maintenant que la situation commence à être pervertie, on s’aperçoit que le consommateur est une vraie mine d’or, mais qu’il n’a malheureusement que peu de nouveaux besoins et qu’il est donc difficile de s’installer sur le marché. Le cheminement classique est donc de créer le besoin, par de grands coups de communication et de marketing. Terminé le besoin diminuant dans le temps puisqu’il évolue en permanence.
  5. Maintenant que nous en sommes là, nous constatons que les entreprises fixes les prix en fonction de leurs profits et ont trouvé le moyen de rendre négligeable la durée de vie d’un produit. On pourrait se dire qu’on touche le fond et que faire pire devient difficile. Ce serait être bien naïf car il est aussi possible de toucher à la qualité, et c’est la que je vais reprendre le fil en remerciant Steve de si bien illustrer cette dernière étape de l’évolution.


Une fois qu’il est bien acquis que le besoin du consommateur oscille entre mode (dans le sens : il est important d’avoir ce que tout le monde a) et nouveauté (dans le sens : il est important d’avoir en premier ce que tout le monde aura), il ne reste plus qu’à lui rappeler qu’il ne vit que pour acheter et qu’il serait plutôt bon qu’il s’y cantonne.


Mister Jobs, je vous rends hommage, ici, en me permettant de vous prendre comme exemple, car, ces derniers jours, vous montrez une telle énergie à vous moquez de vos clients qu’il eut été injuste de ne pas en parler.

Je ne vais pas revenir sur l’historique d’Apple mais rappellerais juste qu’il s’agit d’une entreprise arrivée sur le marché en 1976, pour répondre à un besoin de consommation (l’informatique à domicile). Travaillant sur la qualité, réduisant ses coûts et essayant de répondre à plusieurs besoins avec un unique produit, Apple a fait face à la concurrence, jusqu’au moment où c’est elle qui s’est retrouvée dans la position du plus faible, risquant de se faire racheter. Elle a ensuite rebondi en créant de nouveaux produits et travaillant merveilleusement bien ses campagnes de communication et de marketing. Qui plus est, elle a su exploiter les failles de son cœur de métier pour fidéliser sa clientèle : diabolisation de la concurrence, suppression de l’interopérabilité de ses produits avec le reste du marché, ou encore surabondance d’innovations technologiques.


Tout cela pour bien comprendre le point principale de cet article, que je m’excuse de n’aborder que maintenant : Steve met, aujourd’hui, en exergue la dernière phase de l’évolution de la société de consommation en proposant l’Iphone 4g : plus cher mais tellement nouveau, plus fragile mais tellement beau, mais surtout : moins performant mais tellement nécessaire. Il va, simultanément, à l’encontre des 3 principales attentes du consommateur... et nous achetons ! Pire encore, sur la qualité, le seul point où les consommateurs se permettaient encore d’avoir un avis qui comptait il les envoie paître :

  • Constat : l’Iphone 4g perd le réseau lorsque l’on s’en sert normalement pour téléphoner… Il s’agit juste de sa principale fonctionnalité
  • Réponse de Steve : "Hold it different or use a case !" (Tenez-le différemment ou utilisez une house !)


Résumé en quelques mots cela donne : croyez bien, chers clients, que je n’ai que faire de vous fournir un service de qualité, puisque vous êtes complètements dépendants de mes produits. Je me fous de vos problèmes car, aujourd’hui, je sais que vous achèterez chez moi.

J’adore ce mec !!!

mardi 6 juillet 2010

Mais qui donc arrêtera Roselyne …

Mais quelle mouche l’a donc piquée ? Elle qui restait sur sa formidable campagne de don de l’argent public aux multinationales pharmaceutiques, dans le cadre de la vaccination contre un virus moins virulent que la grippe saisonnière et s’étant finalement moins développé, voilà qu’elle reparaît à nouveau sur la scène médiatique. Peut-être a-t-elle besoin de faire oublier sa propension à la prise de décisions irréfléchies, ou craint-elle l’ombre que peut lui faire le joli minois de sa secrétaire d’état déléguée au sport ?

En tous les cas, Roselyne Bachelot occupe, à elle seule, un bon quart de l’actualité. Entre ses diverses sorties sur l’équipe de France, jouant un jour le rôle de maman en insistant sur des valeurs déjà tellement loin de l’éthique de nos joueurs, puis le jour d’après faisant un amalgame douteux entre banlieue et racaille au sein de l’équipe, ses élucubrations à l’Assemblée Nationale pour nous parler de la débâcle française en Afrique du Sud en pleine crise des retraites, son exaspération suite à la baisse du prix de deux paquets de clopes, la laissant dire qu’elle allait donc augmenter les taxes sur le tabac (si l’on fonctionne un peu dans le monde de la théorie du complot, nous en serions presque à nous demander si ce n’est pas elle qui a fomenté cela avec l’industrie du tabac), la revoici pleine de grâce à l’assaut du Tour de France pour nous annoncer, pleine d’espièglerie, qu’elle sera "extrêmement vigilante" contre le dopage…

En toute humilité, je vais me permettre un petit bilan de ce que je nommerais "Les Frasques à Roro".

  • Les interventions en Afrique du Sud : après que Rama Yade nous a fait rêver en nous gratifiant d’une polémique puante sur un sujet lui ayant permis d’aller balayer devant sa porte, Mme Bachelot s’est sentie investie d’une mission primordiale : réussir à faire pire. Aucun problème, la dame étant empreinte de moult formules superfétatoires (je viens de découvrir ce mot qui se prête exactement au caractère du discours de madame), elle a réussi en deux interventions à devenir la risée de la classe politique française.
  • Le passage à l’Assemblée Nationale : non contente d’avoir politisé un évènement sportif, la voici qui relance de plus belle en s’exprimant devant un auditoire censé s’occuper des réels problèmes du pays … Mais dans quel monde vit-elle ?
  • La baisse du prix du tabac : très bel hommage à la réflexion en optant pour la surenchère, pénalisant ainsi ceux qui n’avaient rien demandé. Le bémol dans cette logique c’est que les paquets coûtant moins chers, depuis ce jour, coûteront également moins chers demain…
  • Le Tour de France : comment peut-elle encore nous faire croire à sa vigilance ? Va-t-elle nous faire un petit cadeau à l’image du virus H1N1, dernier acte de vigilance en date ? Peut-être qu’elle va nous diligenter 200 millions de contrôles pendant l’épreuve ?

Je lance donc un appel au peuple : que celui qui pourra lui opposer un argument la faisant taire se fasse connaître et lui parle au plus vite !!!

vendredi 2 juillet 2010

Légiférer sur la connerie

L’un des thèmes d’un concours photo organisé par la FNAC en mars 2010 portait sur le politiquement incorrect. A l’évidence, le jury a dû être gratifié de clichés plus somptueux les uns que les autres. Après avoir délibéré, ils ont élu le vainqueur : un gugusse s’essuyant les fesses avec un drapeau français. La classe politique (rassurons-nous, pas tous quand même) s’est aussitôt mise en émoi, qualifiant d’outrage à la nation, cette photo amateur et allant jusqu’à ester en justice... Pour voir l’affaire classée, très justement, sans suite.

Rue89 nous apprend aujourd’hui que des sanctions ont malgré tout été appliquées. Une responsable de la communication ainsi qu’un cadre de l’action culturelle de la société ont été licenciés pour faute grave.

Mais quelle faute ont-ils commise ? Celle d’avoir déplu à notre garde des sceaux ou à notre ministre de l’intérieur ou celle d’avoir fait une faute professionnelle ?

Je crois qu’à l’instant où l’on décide de faire du tape à l’œil, il est normal de s’attendre à avoir un tant soit peu d’écho, voire de faire face à l’indignation de certains. Dans le cas présent, l’élection porte sur du politiquement incorrect. Qui voyons-nous sortir du bois ? Des politiques ! J’en conclus que le jury a exceptionnellement bien axé son jugement. Mais ce n’est pas le cas de l’employeur de ces personnes, qui a décidé de les renvoyer pour se faire bien voir aux yeux de nos gouvernants. Quelle capacité à assumer ses responsabilités !

Voici donc les points qui me choquent dans ces faits :
  • La première est à mettre au compte de Mme Alliot-Marie et de M. Hortefeux pour, une fois de plus, n’avoir rien d’autre à faire que de venir pointer leurs museaux dans de futiles inepties (en m’excusant du pléonasme, mais je voulais appuyer sur le caractère du sujet).
  • La deuxième est au compte de la FNAC, qui apparemment confond facilement concours artistique (on parle de photographie, ne l’oublions pas) et buzz médiatique.
  • La troisième et pire, est également au compte de la FNAC, pour licenciement abusif de personnels n’ayant fait que répondre à l’attente de leur société,… qui finalement fait parler d’elle gratuitement.
  • La quatrième presque aussi pathétique, à nouveau pour la FNAC pour déni de responsabilité. Peut-on nous communiquer le salaire mensuel de cette bande de zigotos qui n’assument aucunement les actes qu’ils commanditent ?

Tout ça aboutit quand même à légiférer sur la dégradation ou l’utilisation indécente du drapeau français… J’espère que, chez vous, vous ne disposez de PQ ou d’essuie-tout avec un emblème national dessiné dessus, parce qu’au quel cas vous seriez en plein indécence illégale !

Vivement que nous légiférions sur la connerie, juste pour voir qui trinquerait en premier …