jeudi 29 décembre 2011

Les révélations de la crise

L’effondrement des marchés financiers, la solvabilité des états, l’absence de liquidités, la dégradation des notes des états, le poids de la dette en France, que de réjouissance pour 2012.

Outre le fait que la crise met en branle le système économique spéculatif que nous connaissons, elle a également le mérite de faire ressortir au grand jour, çà et là, les véritables abus de nos gouvernants.


Tous les problèmes cités précédemment se règlent à l’échelle nationale ou mondiale. Mais si, à la tête de nos pays, les dirigeants ont pratiqué une politique électoraliste pernicieuse, dîtes vous bien qu’il en est de même à l’échelle locale.


Libération annonce que la commission d’enquête parlementaire sur les emprunts à risque souscrits par les collectivités conclurait sur un montant total de 22 milliards d’€uros d’emprunts toxiques. Dans ce cas précis, c’est au niveau local que tout cela va se régler !

Alors, non seulement le contribuable sera sollicité pour payer plus d’impôts nationaux pour résorber le montant de la dette du pays, mais il va également déguster pour résorber la dette de sa commune.

Comment cela serait-il possible ? Tout simplement en décryptant ce qu’est un emprunt toxique. Je vais essayer de vous le résumer en quelques mots et vous invite à consulter le très bon post de Catherine Le Gall (journaliste) publié sur le site du Nouvel Observateur.


Donc, pour tenter d’être clair et de ne pas plagier madame Le Gall, je dirais qu’il s’agit d’un emprunt à taux variable à forte appétence au risque, vendu sous couvert d’un taux amoindri sur les premières années de remboursement. Pendant les premières années (disons 3 sur 30 pour reprendre la base de calcul de madame Le Gall) la commune ayant souscrit l’emprunt rembourse à un taux d’intérêt de 1% et réalise donc des économies, lui permettant de lancer des travaux d’ampleur favorables à la réélection des élus. Cependant, dans les 27 années à venir le taux passe aux alentour de 3%, majoré de la variation de l’indice de calcul (par exemple le ratio euro/dollar ou euro/franc suisse), induisant dans des situations de crise des remboursements à des taux supérieurs à 20% (cf. le post de madame Le Gall pour un exemple concret de calcul). Evidemment le budget de la ville avait inscrit un remboursement au taux de 3%, voire même provisionné pour pouvoir supporter un taux de 5%, mais lorsqu’il faut rembourser à hauteur de 20% il va falloir ouvrir le portefeuille des contribuables.

Je vous laisse aller consulter la carte de France des estimations de surcoût des communes faite par DEXIA en 2009 et choisir dans quelle ville vous allez déménager. Croyez-moi le choix est limité…


Bref, la crise actuelle n’est pas une simple problématique concernant les grosses structures financières, mais bien un problème qui s’étend des banques mondiales au moins imposables des contribuables.


A votre bon cœur messieurs dames !

mercredi 21 décembre 2011

Dieu tout puissant

Vous êtes-vous vraiment aperçu que nous sommes dirigés par un gouvernement et un chef de l’état qui savent intervenir lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes graves ? L’aviez-vous oublié ?

N’ayez donc crainte, ils sont là pour nous le rappeler, demain, un débat public aura lieu à l’Assemblée Nationale sur une proposition de loi sanctionnant toute négation d’un génocide quel qu’il soit. Une série d'auditions sur la pénalisation de la négation du génocide arménien débuteront ensuite dès le 5 janvier au Sénat.


Plusieurs choses me choquent dans cette proposition de loi, un peu différentes de ce que relève le premier ministre turc bien que le rejoignant en un point :

  • Là où je pourrais m’accorder avec monsieur Erdogan est le sujet du « De quoi je me mêle ? ». Nous aurions le droit d’expulser des Roms, d’avoir une succession de ministres de l’intérieur fascistes, d’avoir un ministre des sports homophobe et sexiste et j’en passe, mais nous nous permettons de nous immiscer dans les erreurs des autres… C’est quand même un comble, non ?
  • Mon second point de désaccord se trouve sur cette faculté que nous avons à légiférer pour n’importe quelle connerie. Ne serait-il pas préférable de proposer une version neutre et historique de cette période en expliquant à chacun ce qui a pu se passer. Ne l’avons-nous pas fait pour 39-45, pour l’esclavagisme, pour les Aborigènes ou les Indiens, pour les Rwandais… Ok, ce n’a pas vraiment été le cas pour tous et c’est bien dommage, mais ne serait-ce pas mieux ?
  • Mon principal point de désaccord pointe sur l’interdiction à la liberté de pensée. Quelle est donc cet Etat dans lequel nous vivons qui craint tellement que les gens aient des pensées ne correspondant pas avec sa morale, qu’il lui convient d’interdire de penser différemment. Ce point rejoint le précédent, ne serait-il pas mieux de donner des explications plutôt que de faire des raccourcis. Qui plus est, libre à chacun de forger ses propres opinions, d’être d’accord avec ce qui est entendu ou de ne pas l’être. Si certains souhaitent être négationnistes laissons leur ce choix et discutons avec eux, au lieu de simplement les pénaliser parce qu’ils sont différents.

Pour conclure, je ne suis pas à dire qu’il faille laisser de côté les arméniens, les turcs ou n’importe quel autre, je pense qu’il est primordial de présenter les faits, mais qu’il est inconscient de légaliser les façons de penser, parce qu’épris de bonne conscience la manière est la même qu’appliquait Hitler.

Tout ça pour dire que ce n’est pas demain que la Turquie se verra accéder à l’Europe. L’un dans l’autre si c’est pour venir payer nos dettes, c’est bien la dernière chose que je leur souhaite.

Dernier point avant de vous laissez, pendant que nous nous attardons à expliquer la vie à tout le monde, il en est un de génocide : en Palestine. Lorsque l'on bombarde des civils au phosphore, ça s'appelle comment sinon ???? Alors il est donc possible d'être négationniste pendant un génocide mais pas après. Merci les gars !!

jeudi 8 décembre 2011

Bel exemple de solidarité

Dans la série des scandales qui hérissent un peu le poil, le rapport de la Cour des comptes de novembre 2011 sur les dysfonctionnements de la RATP. Je vous invite à le lire c’est édifiant.

Pour les moins courageux en voilà quelques mots que vous pourrez d’ailleurs recoupés avec ceux de Marianne2 ou du Cri du contribuable.

Non content de ne pas assurer un service de qualité à ses usagers (pour les plus candides et pour ceux qui pensent qu’il ne faut pas toujours taper sur les mêmes, je vous recommande de prendre quotidiennement la ligne 13), la RATP n’est même pas capable d’assurer une qualité de service à ses propres salariés.

Voici un petit florilège des conclusions issu du rapport :
Les directeurs salariés ne se trouvent cependant pas en mesure d’exercer leurs responsabilités de gestion des activités dont ils ont la charge. Ils sont, en règle générale, mis à l’écart, par les élus qui leur ôtent tout pouvoir d’initiative, de pilotage et de contrôle. Il en va ainsi dans les relations avec les fournisseurs, domaine réservé des élus, lesquels méconnaissent en outre fréquemment les règles internes du comité d’entreprise imposant la consultation de plusieurs entreprises. Il en va également ainsi dans le domaine du recrutement du personnel, où les élus décident seuls sans associer les directeurs contrairement aux dispositions des règles internes.
On constatera dans le cas présent que les élus prennent seuls des décisions passant outre les règles définies en interne. Cela a pour conséquence des emplois redondants ou des fournisseurs exagérément onéreux comme l’illustre le rapport.

La gestion du personnel salarié du comité central d’entreprise est défaillante à plusieurs égards : les effectifs augmentent dans un contexte de stagnation de l’activité et la masse salariale consomme désormais 53 % de la subvention versée par la RATP. Les démissions et licenciements sont nombreux et coûteux. Certains postes stratégiques restent vacants plusieurs mois, voire plusieurs années.
Ces phrases se passent de commentaires.

L’absence d’obligation comptable des comités d’entreprise, simplement tenus, aux termes du code du travail, d’établir un « compte rendu» annuel indiquant « les ressources et les dépenses », n’est pas sans risques pour des entités comme le comité central d’entreprise de la RATP qui emploie des centaines de salariés, gère des budgets et des actifs de plusieurs dizaines de millions d’euros.
Cela veut dire que des personnes sans aucune expérience de gestion de compte ne sont même pas soumises à des contrôles internes, ou les contournent, et que personne ne peut s’assurer de la bonne tenue d’un budget de 53 millions d’€uros.

La gestion de la restauration collective, qui, avec l’organisation des séjours de vacances, constitue l’activité la plus lourde en termes d’enjeux financiers mais aussi de bien être social des agents de la RATP, se caractérise d’abord par son opacité. Le directeur des restaurants et ses services ne disposent pas des outils leur permettant de piloter l’activité dont ils ont la charge. Ils n’ont pas de relations avec les fournisseurs et ne disposent pas des données leur permettant de comparer les prix facturés au comité d’entreprise avec les prix du marché. Or, les éléments disponibles tendent tous à montrer que le comité d’entreprise accepte de payer les denrées alimentaires à un prix supérieur aux prix du marché. Par ailleurs les défaillances dans les circuits de traitement des factures conduisent à des doubles paiements répétitifs au profit de certains fournisseurs.
Alors là, c’est affligeant, rappelons-nous quand même que nous parlons de l’argent destiné aux salariés de la RATP.

Les résultats de l’activité en matière de vacances ne sont pas à la hauteur des ambitions sociales affichées par les élus puisque moins de 13 % des salariés de la RATP font appel au comité d’entreprise pour leurs séjours de vacances et, que parmi ceux-ci, ce sont les agents les moins défavorisés qui sont majoritaires. Des propositions de révision de la politique tarifaire cohérente avec l’objectif social du comité d’entreprise émises par les services, restées à ce jour sans suite, pourraient être discutées.
Pire encore : les rares à profiter de leurs activités sont les plus aisés…

S’il n’est qu’un paragraphe à lire, il s’agit bien de la conclusion générale page 103 pour bien comprendre l’imbroglio financier de ce C.E.
Peut-être que les salariés devraient plutôt faire grève contre les agissements de leur comité d’entreprise plutôt que de nous polluer la vie dès qu’un contrôleur a un ongle incarné.

Pour conclure, deux extraits de l’introduction du rapport :
L’enquête de la Cour a mis en lumière que cette mission n'était pas exercée de façon à répondre correctement aux intérêts des salariés de la RATP et de leurs familles.

A la suite de son contrôle, la Cour, en application de l’article R. 135-3 du code des juridictions financières, a demandé au procureur général près la Cour des comptes de saisir le garde des sceaux, ministre de la justice, de certains faits de nature à motiver l’ouverture d’une action pénale. En raison des règles de confidentialité applicables, il n’en est fait aucune autre mention dans la suite du présent rapport.

Espérons, pour les salariés du groupe, que cette histoire se termine ainsi :
« Suite à un incident technique survenu au comité d’entreprise, le trafic est complètement interrompu jusqu’à mise en place de personnes de confiance. »