Dans cette nouvelle catégorie des bouquins inutiles, créée récemment par la société de consommation pour permettre aux plus verbeux de nos contemporains de nous donner quelques chefs-d'œuvre de la littérature, nous pouvons retrouver des auteurs tels que Yannick Noah, Frédéric Lefebvre ou encore Loana, mais aussi des travailleurs de tous horizons se découvrant un talent pour l'écriture.
Mon attention s'est portée récemment sur Etienne Liebig, éducateur spécialisé auprès d'adolescent en Seine-Saint-Denis, et son livre Les nouveaux cons. Il s'évertue dans ce texte à catégoriser les cons de tous ordres en fonction de leur profession ou de leur hobby. Il s'attaque uniquement à ce qu'il appelle les nouveaux cons, faisant donc l'impasse sur les cons avérés de longue date, mais tend néanmoins à nous faire comprendre qu'ils sont la représentation de l'ensemble des français.
J'ai acheté ce livre, non pas pour le côté nouveau du sujet, Coluche, Brassens, Pierre Dac, pour ne citer que les plus connus, nous ayant bien plus qu'éclairé sur le sujet, mais à la suite d'un extrait paru sur Atlantico que m'avait suivre l'ami Hemel. Soyons honnête, je m'avançais vers une lecture des plus subjectives après avoir pris acte du fiel contenu dans cet extrait sur les écoles de commerces. Malgré cela, tout n'est pas à jeter dans ce livre, il permet de s'abreuver des nouveau clichés de notre société, de mieux comprendre les façons de stigmatiser les uns et les autres.
Qu'en est-il du contenu ? Je pense qu'il se résume en 3 points :
- Il se veut humoristique car essayant d'être exhaustif dans les catégories, afin d'être certain que le lecteur identifiera au moins un type de personne qu'il trouve vraiment con, lui permettant ainsi de rire à gorge déployer sur le pauvre hère subissant la plume de l'auteur. C'est le principe même du politiquement correct de nos comiques de télévision tels Dany Boon, Elie Semoun ou Arthur, mais poussé à l'extrême pour être sûr de toucher une cible la plus large possible. On ne fait pas dans l'intellectuel mais on sent qu'il y a du travail.
- Il se veut accessible. Les termes sont simples, les stéréotypes sont nombreux, les phrases ne sont pas alambiquées, le meilleur cocktail pour être sûr d'être lu par des lecteurs de toutes classes. On ne fait toujours pas dans l'intellectuel mais au moins on évite la fatuité.
- Il se veut essayer de faire passer des messages et c'est là que le bât blesse le plus. Quel beau discours sur les travailleurs manuels, quel soutien aux ouvriers, quelle démonstration sur les errements des riches, quel hargne fasse à la politique se désintéressant du peuple, mais quelle peur d'aller ou bout de ses propres idées. Tous ces messages se mêlent de politiquement correct, comme lorsqu'il tape sur la police, nous rappelant qu'ils restent fréquentables (page 77), ou lorsqu'il nous explique que la société a offert le libre arbitre à ses enfants et que certains veulent le leur enlever (page 109) (Soit dit en passant, je crains que la société travaille à l'inverse de votre analyse cher monsieur et qu'à ce jour le libre arbitre ne soit plus à essayer d'être enlever aux gens car c'est le déjà le cas), lorsqu'il nous explique que les médias font des papiers people sur les politiques, car les politiques se jouent d'eux (page 132) (il eut été plus engagé de dire que les politiques utilisent les médias pour faire en sorte de ne pas avoir à parler politique comme vous l'écrivez, mais de rajouter que les médias s'en gavent parce qu'ils n'ont cure de la politique, mais uniquement de ce qui rentre dans leurs caisses), ou lorsqu'il veut nous dire quelque chose sur le cancer, mais n'y arrive pas, n'accouchant de RIEN (page 195). Si cet aspect eut été enlevé, ou réellement travaillé, ce livre aurait presque pu sortir de sa catégorisation en tant qu'inutile.
Pour être vraiment complet sur le contenu, il faut également que je vous parle de l'enseignement, auquel l'auteur accorde deux chapitres, pages 109 et 124, dans lesquels il tient ses propos les plus acides. Si j'osais, j'écrirais que je retrouve ici ce nouveau con d'éducateur spécialisé qui vomit gratuitement sur l'éducation nationale, pensant naïvement que c'est uniquement leur faute s'il existe de la délinquance, attaché à sa fierté d'être le seul à pouvoir remettre les jeunes sur les rails, croyant qu'il connaît mieux que tout le monde les jeunes de banlieue et qu'il serait temps que les autres se posent des questions. Est-ce là par jalousie ou par dépit de ne pas avoir réussi à devenir enseignant, je n'en sais rien mais cette haine presque trop visible était bien superflue.
Bref, ce livre est complètement inutile mais il se laisse lire. Il est à l'évidence bien loin de valoir les 17 €uros qu'il coûte, et aurait plutôt eu sa place sur un blog que chez un éditeur.
Pour conclure et rendre hommage à l'auteur, voici quelques lignes oubliées sur au moins un des cons manquants à cette ouvrage :
Les nouveaux auteurs.
Ils se réveillent un matin, révoltés d'une situation, d'un comportement ou à l'inverse subjugués par leur vie, leurs actions ou leurs paroles et comprennent qu'il est nécessaire d'en écrire un livre pour la postérité. Alors, ils nous gratifient d'un torchon de conneries dont tout le monde devrait se foutre, mais que chacun lit car leur médiatisation est telle que nous ne pouvons nous empêcher de le faire. Ils prennent ensuite confiance, et viennent nous expliquer les raisons de leur géniale intervention pour le commun des trous d'uc, nous permettant enfin d'enlever nos œillères pour pouvoir traverser les ornières de nos vies de merde. Là, ils deviennent même vertueux dans leur étroit esprit, pensant qu'ils ont enfin accompli quelque chose d'utile marquant de la sorte l'histoire au fer blanc. Malheureusement, le rideau tombera un jour et j'espère que vous ne le verrez pas de votre vivant, mais tous vos lecteurs, aussi cons soient-ils, se foutent de vos conneries et les aurons oubliées après 2 jours. La postérité ne retiendra même pas l'orthographe de vos noms et Google finira bien par faire du ménage dans ces bases de recherche en commençant sûrement par vous…