mercredi 22 septembre 2010

A votre bon cœur

Alors voilà, d'ici une quinzaine de jours nous devrions avoir la chance de bénéficier d'un nouveau régime de retraite, bien plus égalitaire et bien plus solidaire, afin que chacun y trouve son compte. Evidemment, on pourrait se dire qu'allonger la durée de cotisation et l'âge minimal de départ à la retraite ne va pas changer grand-chose, mais juste déporter le problème sur le chômage des séniors mais également sur celui des juniors, puisqu'il y aura moins de postes vacants. Ce serait faire acte d'un bien mauvais état d'esprit face à ceux qui, jours et nuits, font tout leur possible pour trouver une solution plus juste. Ces gens qui baignent avec honneur dans le conflit d'intérêt et la faisanderie fiscale. Rendons-leur un peu hommage, eux qui n'ont cure de voir le peuple descendre dans la rue, parce qu'ils savent que ce qu'ils font est nécessaire. Eux qui ont creusé pour identifier les niches fiscales de tous ces nantis de … salariés lambda. Bref, cette mesure est complètement justifiée par ces deux mots : égalité et solidarité. Il ne manquerait plus qu'ils arrivent à nous trouver un lien avec la liberté et la fraternité et nous pourrions même devenir complaisants.

Après tout, je ne comptais pas écrire sur la légitimité de cette réforme puisque chacun sait déjà qu'elle est faite à l'emporte-pièce et qu'elle n'aura d'effet que sur du très court terme. J'ai plutôt en tête de réagir sur le côté égalitaire de cette réforme pour laquelle on n'a de cesse de nous hurler aux oreilles que les autres pays d'Europe appliquent les mêmes régimes.

Parlons-en donc un peu de l'Europe. Certes, nombre de pays européens ont déjà augmenté l'âge minimal de départ à la retraite et étaient même tous devant nous. Mais, par contre, qu'en est-il de ceux-là même qui travaillent pour l'Europe ? Il y a peu, je vous rappelais qu'en France nos bons fonctionnaires du Sénat bénéficiaient sur ce point (comme sur beaucoup d'autres d'ailleurs) d'un avantage, disons, conséquent. Mais lorsque l'on élargit le spectre à l'échelle de Bruxelles nous atteignons réellement des sommets. Pour 15 ans de cotisation, la pension mensuelle (je souligne volontairement "mensuelle" parce que le mot ne paraît pas trop en rapport avec le chiffre qui suit) peut s'élever jusqu'à plus de 13 000 €. Le montant vous semble énorme, n'est-ce pas ? Alors attardez vous donc sur le nombre d'années de cotisation. Ce même nombre qui va passer à 41,5 avec la réforme de notre ministre de la distribution de l'argent des impôts. Au fait, je parle de cotisation pour ne pas heurter les âmes des plus sensibles, mais lorsque vous cotisez à hauteur de 10,55 %, ces heureux retraités auront cotisé à hauteur de 0 %...

Ces gens ne cotisent pas pendant 15 ans et touchent plus de 10 000 € par mois de retraite, pendant que vous cotisez pendant 41,5 ans pour ne touchez qu'un pourcentage de votre salaire moyen annuel, calculé sur les 25 dernières années de cotisation. J'ai déjà connu des principes plus égalitaires, voire plus solidaires.

J'ai envoyé mon CV !!!
PS : merci papa pour l'info

mercredi 15 septembre 2010

Un fin diplomate

Je me suis récemment permis de réagir aux propos de l'ONU tenus à l'encontre de la politique française de renvoi des Roms hors de nos frontières. Quelle douleur de faire aujourd'hui le constat que Mon Bon Roi adopte la même ligne de réponse que moi. Je profite donc de cette introduction pour rappeler que mon premier objectif était de me faire l'avocat du diable (chose que j'assume entièrement) et que le second était de condamner les propos tenu par des représentants de l'opinion mondiale. Une fois cela dit, j'en reviens à Mon Vénéré Suzerain qui, à l'inverse de moi-même, ne s'exprime pas sur un blog mais plutôt sur la scène mondiale.

Il nous a, une fois encore, fait montre de toute sa force de réflexion et de sa promptitude à réagir en pesant les mots qu'il utilise, en répondant à Viviane Reding, commissaire européenne, comme s'il était attablé à la terrasse d'une brasserie avec un de ses potes.
Coutumiers des "Casse-toi, pauv' con", nous pourrions ne pas nous émouvoir, mais le moindre semblant de diplomatie fait que nous ne pouvons qu'être heurtés de tels propos. La cloche de la cours de récréation a sonné depuis trop longtemps, il est temps de nous proposer des discours plus approfondis. La suppression de la fonction de porte-parole de la présidence de la république n'était finalement pas une riche idée…

Donc, Notre Sanctifié Seigneur a gaiement proposé à Mme Reding d'accueillir les Roms au Luxembourg si elle n'était pas contente du sort que leur réservait La France. Splendide !!

Le pire dans cette histoire, ce ne sont pas les retombées houleuses, de la part de l'Europe, auxquelles nous allons devoir faire face (la force de l'habitude aidant, tout cela se passera sans encombre), mais l'incompétence dont fait preuve cet homme. Moucher madame Reding relève du niveau culturo-intellectuel d'un élève préparant le bac de français. Il suffisait de lui rappeler que la teneur de ses dires renvoyait plus à la définition de la haine qu'à celle de l'indignation. En effet, Mme Reding s'étant permise la phrase suivante : "This is a situation I had thought Europe would not have to witness again after the Second World War", uniquement en anglais pour marquer son détachement à l'égard de La France, il eut fallu lui rappeler qu'en ce cas elle s'adressait à l'Europe entière et non uniquement à La France, car notre pays n'est pas le seul à appliquer cette politique, et que la comparaison de l'Europe avec l'Allemagne nazie de la bouche d'une commissaire européenne était quelque peu déplacée.

Mais non, Notre Monarque Absolu préfère toiser tout le monde du haut de ses talonnettes et continuer à épancher sa soif de reconnaissance en insultant la première venue au nom de la France.

Merci !!

mardi 14 septembre 2010

Le journal du Roi

Comme vous l'avez sûrement appris récemment, un nouveau rebondissement a eu lieu dans l'affaire Woerth-Bettencourt : la plainte déposée contre X par le journal Le Monde pour "violation du secret des sources", suite à une enquête apparemment diligentée par l'Elysée, après parution des unes des édition des 18 et 19 juillet, et menée par la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) sur la probable source du quotidien.

Plus rien ne me choque vraiment avec ce gouvernement lorsqu'il s'agit de s'attaquer à la liberté de la presse par tous les moyens. Par contre, ce qui me froisse un peu plus c'est la solidarité affichée par Le Figaro dans cette affaire. Vous l'aurez compris si vous avez déjà eu l'occasion de vous abreuver des pages de ce journal, "solidarité" est employé ici avec ironie.

A l'évidence, un média se doit de rester le plus impartial possible lorsqu'il évoque des faits ou parle d'un sujet d'actualité. Cependant, il est indéniable qu'en lisant la presse, l'opinion de la rédaction se voit retranscrite dans les tournures et les mots utilisés. Dans le cas présent, on pourrait s'attendre à ce que le monde de la presse écrite fasse bloc face à de telles pratiques ou, à défaut, ne se prononce pas tant qu'aucune accusation n'est avérée.

Notre journal royal n'a cure de cette éthique et nous gratifie d'un article des plus acerbes pour nous décrire la situation. Voici quelques-unes des appréciations que je fais à la lecture de leur article :
  1. Le Monde n'est jamais cité mais montré du doigt, puisque calligraphier en italique, à l'inverse, par exemple, du Nouvel Observateur cité dans le même article. A croire que l'auteur avait peur de se brûler les doigts en tapant cette succession de lettres sur son clavier.
  2. L'intitulé du second paragraphe est : "Les services de police n'ont donc fait que leur travail". Intitulé très accrocheur et, à première vue, répondant à ce qu'on peut attendre d'un titre. Là où le bât blesse un peu c'est qu'aucune explication n'est fournie dans le texte qui s'ensuit. En deux mots : merci de prendre ce titre pour ce qu'il dit. Tout simplement odieux.
  3. Un dernier couplet enfin nous explique que "la DCRI est la cibles des accusations de l'opposition". J'en ai presque eu la larme à l'œil mais me suis finalement ravisé.

Je vous laisse le plaisir de décortiquer cet article à votre guise, afin que vous constatiez qu'il n'y a pas un seul instant où le doute sur l'inexactitude des accusations est permis.

Bref, ce journal affiche ouvertement son accointance présidentielle, voire même se veut être le relai des justifications de l'Etat, dans une affaire où le conflit d'intérêt fait rage. En y regardant bien, cela est finalement fort à propos et me permet de négligemment conclure qu'à conflit d'intérêt, conflit d'intérêt et demi…

lundi 13 septembre 2010

Les écueils de la foi

Les Etats-Unis, probablement le pays regroupant la plus forte communauté de catholiques intégristes, nous ont gratifié récemment d'une verve peu commune pour stigmatiser un projet prompt à déclencher la polémique : la construction d'une mosquée à Ground Zero.

L'idée semble originale et enthousiaste, se voulant être un moyen de créer l'harmonie entre l'Islam et le Catholicisme, mais le contexte est bien trop compliqué pour que tout puisse se dérouler sans encombre. Les attentats du 11 septembre ont indéniablement été associés à l'Islam, bien qu'ils ne fussent le résultat que d'un groupe d'intégristes œuvrant sous couvert de la religion. L'attachement à la religion de Jésus est tellement important dans ce pays que la relation "attentat - attaque de l'église" a immédiatement pris naissance.

Proposer ce projet de construction d'un édifice musulman, à l'endroit même que les américains lient à leur rancœur de l'Islam me semble un peu ambitieux. Ground Zero est devenu, à leurs yeux, un lieu de recueillement en mémoire des victimes du terrorisme, mais aussi, par amalgame, aux victimes de l'Islam.

Je m'interroge donc sur le bienfondé de ce projet. Est-ce par pure naïveté ou pour un tout autre motif que M. Obama a lancé ce projet ? J'ai du mal à croire que, connaissant le contexte, il n'ait pas prévu les réactions. Est-ce donc un simple écran de fumée permettant de masquer les difficultés de reprise économique auxquelles fait face le pays ? Si c'est le cas, toutes mes félicitations, c'était le meilleur moyen.

Par contre, cela nous replonge dans les affres les plus sombres de la religion, où les intégristes siègent aux premières loges. D'un côté un représentant des illuminés de Jésus proposant un autodafé du Coran, de l'autre une organisation terroriste qui n'en demandait pas tant pour recruter de pauvres hères suite à cet affront.

Comme seule ligne de défense, le président nous joue un air du monde merveilleux de Oui-Oui, s'indignant du tollé de sa proposition et précisant qu'il "ne pense pas vraiment […] être responsable de l'ampleur qu'a prise cette histoire".

Honnêtement, je pense qu'il faut soit être le dernier des derniers pour ne pas avoir anticipé cette réaction soit, à l'image de Notre Propre Souverain, avoir tellement de casseroles à masquer que le seul moyen pour le faire reste de créer des tensions au sein de la population.
Dans un cas comme dans l'autre, l'image de ce président promis à tant d'ouverture risque d'en être écornée, d'autant plus que je ne crois pas qu'il soit idiot…

En tout cas, ce projet aura au moins le mérite de nous montrer, une fois encore, toute la tolérance dont savent faire preuve les hommes.

Dieu vous garde, Incha'Allah