Que pouvions-nous réellement attendre d'une émission politique, animée sur TF1, par Jean-Pierre Pernaut. Evidemment pas grand-chose lorsque l'on connaît la chaîne et l'animateur, mais force est de constater que cette émission a au moins eu le mérite d'exister. Ce qui est en tout cas sûr, c'est que la médiatisation du probable licenciement d'Arlette Chabot n'a pas réussi au service public, car ce débat a lieu sur une chaîne privée… Je laisse à l'appréciation de chacun la raison d'un tel choix et ose espérer qu'il est vraiment légitime…
Donc, petite introduction sur le choix des intervenants : 11 personnes étant passées dans des reportages de TF1 et choisies par leurs journalistes… A peine 30 secondes d'émission et elle n'est déjà plus crédible !!!!
Bref, première question posée par une étudiante bac+5 sans emploi : elle porte son interrogation sur le rapport études/emploi. Notre Roi apporte 3 réponses : une explication sur les raisons du chômage chez les jeunes lorsqu'il n'y a pas de croissance, une congratulation au pays pour ne pas avoir sombré dans le chômage comme les États-Unis, l'Espagne ou le Royaume-Uni et une fustigation à peine détournée, puis complètement ouverte, sur la mise en place des 35 heures. Pas mal comme entrée en matière : 1 question = pas de réponse.
Restons dans le cadre du chômage et abordons le sujet des délocalisations, grâce à un ouvrier syndicaliste chez Renault. Certes le monsieur semble déjà en désaccord avant même qu'on lui ait répondu, mais après tout, comme on ne lui répondra pas, je peux aussi le comprendre. Réponse, une fois encore, en plusieurs étapes : tout d'abord une phrase forte "Je ne peux pas laisser tomber l'industrie automobile" (remarque c'est tant mieux, ça serait quand même un peu con de s'en passer…), ensuite un peu de lauriers pour parfumer la sauce "2009 a été la meilleure année du secteur automobile français !", notamment grâce à la prime à la casse : "Le plan de soutien de l'économie a sauvé l'industrie automobile!" (soyons honnêtes, celle-là on peut lui accorder, ça ne répond pas à la question mais c'est vrai). Reste alors à dire que ce qui se passe est mal, que Renault fait n'importe quoi et que ce n'est pas tolérable (nous verrons si les menaces, faites par l'état, d'augmenter ses parts dans le capital de l'entreprise porteront leurs fruits). Un petit renvoi à gauche en parlant de Carlos Ghosn, ancien PDG d'orientation socialiste ayant énormément délocalisé (ça ne mange pas de pain, personne n'ayant vraiment la capacité de répondre sans faire de faux-pas), puis un "auto-bravo" quant à la suppression de la taxe professionnelle. Pour cette fois, un peu d'indulgence, je lui accorde une demi-réponse.
On aborde alors brièvement le sujet de Proglio, PDG d'EDF et Véolia dont l'imbroglio sur les primes et salaires défraye la chronique, pour s'entendre dire que notre Roi préfère "Un bon patron bien payé qu'un mauvais patron mal payé" (quelqu'un n'est-il pas d'accord parce qu'il nous reste encore deux choix : les mauvais patrons bien payés et les bons patrons mal payés …). Histoire de vraiment clore le sujet, nous nous entendons dire que ce qui est choquant ce sont les salaires des joueurs de football. Bravo, j'apprécie ce fin maniement de la démagogie !!!
Changeons de point et parlons désormais de la difficulté que rencontre les entrepreneurs à survivre dans le contexte économique actuel, et surtout la difficulté d'obtenir des prêts par les banques (dois-je rappeler le montant du prêt que leur a accordé l'état … 20 milliards, BORDEL … et ils ont du mal à prêter !!!!). Attention, JPP entre en action : "Pourtant le patron de la banque de France a annoncé il y a quelques jours que, ça y est, les banques remettent la main au portefeuille et se remettent à accorder des prêts". Dis donc gringo, t'es conscient du fric qui est en leur possession et de la date à partir de laquelle ils l'ont en leur possession… Les termes "Pourtant" et "recommencent (aujourd'hui)", dans ta phrase; ne te choquent-ils pas ??? Peut-on demander à ce monsieur de continuer à nous parler des sabotiers du Maine-et-Loire et de s'y astreindre (en m'excusant auprès desdits sabotiers). Notre roi nous apporte une réponse claire : "Je demande aux banques de faire leur travail qui n'est pas de jouer sur les marchés financiers, mais de faire des prêts aux français"… Un autre vœu à émettre…
Un détour rapide sur la taxe carbone en prenant en exemple la Chine et la Suisse… Pas besoin d'en dire plus lorsque l'on voit la tronche des exemples…
Vient le tour d'une productrice de lait qui fait part se son malaise, à savoir que le coût de production est plus élevé que son prix de vente, comme pour d'autres secteurs de l'agriculture. Notre Roi "ne laissera pas mourir l'agriculture française" (du bol, quand même…). Ensuite la question est complètement éludée, notre Roi se propose de visiter l'exploitation de cette agricultrice, on passe une petite couche sur le gouvernement de gauche ayant instauré les quotas laitiers en 1984, ainsi que sur celui ayant accordé des prêts aux agriculteurs il y a 10 ans (remarque, ceux-là méritent d'en prendre une derrière les oreilles !!!) et on abrège. Madame est souriante, on passe… Elle avait quand même commencé par dire que la baisse de ses revenus était de 80%...
Nouvel intervenant au sujet des contractuels de la fonction publique (juste une honte quand même, merci d'avoir abordé le sujet). Enfin un peu de réponse en admettant que ce que fait l'état est une vraie saloperie (ok ce n'est pas le terme employé, mai je le trouve plus à-propos), qu'il est prêt à titulariser des contractuels et qu'il est favorable à la diversification des voies d'accès (à voir… mais au moins ça répond un peu à la question). Qui plus est, il maintient son plan de ne remplacer qu'un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique. Honnêtement, je pense qu'il s'agit d'un sujet plutôt bien argumenté dans ce débat et correctement justifié. Reste à savoir ce qu'il en adviendra.
On change de sujet pour parler des conditions de travail dans les hôpitaux et des infirmières. Alors là, c'est du grand art, notre Roi nous annonce qu'elles font un métier extraordinaire, qu'elles aiment leur métier, comme tous les français qui travaillent d'ailleurs. On nous apprend ensuite que le système universitaire LMD a été créé pour elles (c'est d'ailleurs plutôt bien expliqué 8-))) et que c'est en contrepartie qu'on leur demande de travailler, non plus jusqu'à 55, mais jusqu'à 60 ans. On nous explique que les français font n'importe quoi en se pointant aux urgences dès qu'ils ont un problème. Puis, notre Roi nous dis qu'il ne faut pas obliger une infirmière de 55 ans, qui aime son métier, à partie en retraite. On dérive ensuite sur l'impôt sur la succession et la défiscalisation des intérêts d'emprunt, voire même sur le bouclier fiscal. Quelqu'un se rappelle-t-il de la question posée plus tôt ??? Constat : pas de réponse.
On aborde maintenant la question du chômage et de l'accession au logement dans les banlieues. Une question directe est posée : quel est le projet de demain pour les banlieues ? Un rapide aparté sur le plan Borloo sur le logement, qui est une réussite, puis notre Roi nous dit qu'il faut lutter contre l'absentéisme au collège et que "Nous perdons un certain nombre de vos jeunes dans les banlieues" (finalement ce n'est pas si grave si ce sont les notre et pas les sien). Un petit hommage au CV anonyme, puis on aborde le vif du sujet : l'insécurité, à grands coups de zones de non-droits, de caméras, de fisc pour lutter contre les trafiquants de stupéfiants. Ah oui, là il y a des actions… par contre ce n'était pas le sujet, en fait … Du coup, plus rien n'a ni queue ni tête, notre sympathique intervenant en profite pour poser une question sur l'identité nationale… et se voit répondre qu'il "ne faut pas avoir peur du débat"…
Passons donc au pouvoir d'achat des classes moyennes. Notre Roi nous explique que les classes moyennes ont été déclassées, qu'elles ne peuvent plus d'acquérir de biens immobiliers, que l'euro à augmenter le coût de la vie, que c'est indéniable. Belle introduction, ça me rappelle un peu une histoire de pisse et de violon. On nous parle de l'exonération fiscale de la première tranche imposable et de l'augmentation du nombre de boursiers… apparemment madame n'a pas bénéficié de tout cela et pourtant sa situation n'est pas enviable (2 enfants à charge et un salaire net d'environ 3000 euros à deux) ; c'est un coup dans l'eau monsieur !!! Alors on nous renvoie sur les heures supplémentaires et le travail le dimanche (ce bon vieux "Travailler plus pour gagner plus"). Rien de bien neuf, en réalité.
Une jeune femme évoque ensuite les auto-entrepreneurs, qui sont finalement un peu livrés à eux-mêmes et qu'il serait bon d'aider, une fois qu'on les a fait se lancer dans la création d'une société. Notre Roi continue à vendre son concept (qui, à mon avis, est loin d'être complètement foireux, mais qui a besoin d'être un peu plus réfléchi) en s'appuyant sur la sympathie son interlocutrice (tout le monde est sympa aujourd'hui, c'est le pays de Candy), mais concède néanmoins que l'idée du suivi et de la formation est bonne et qu'il la note. Pas mal sur ce coup là. A suivre…
Les deux dernières interventions concernent l'emploi des séniors et la précarité des retraités. Pour le premier point, la solution repose sur l'interdiction des préretraites, l'autorisation du cumul emploi-retraite et la mobilisation pour que les séniors gardent leur emploi. C'est pas mal, mais pour les 65% déjà au chômage, je ne suis pas certain que cela résolve grand-chose. Ici, notre joyeux drille syndicaliste nous envoie un superbe "Et vous croyez à votre politique ?". C'est tellement étayer qu'il faudra à peu près 25 secondes pour qu'il se fasse gentiment moucher. Au sujet des retraites, la réponse tourne autour de la protection du patrimoine des artisans et la possibilité donnée de travailler lorsque l'on est à la retraite… Ca me laisse sans voix…
En conclusion, un beau débat avec peu ou pas de réponse, un maniement hors du commun des mots et une facilité à s'attirer la sympathie. A la décharge de notre Roi, il était quand même face à un auditoire de Bisounours, qui n'ont jamais dû l'écouter vraiment car ils auraient dû savoir qu'il tenterait d'éluder les questions et auraient donc dû se préparer à demander de réelles réponses.
Merci TF1, demain on peut diffuser La Ferme Célébrité, le public sera sûrement toujours là !!!!