Non content de ne pas assurer un service de qualité à ses usagers (pour les plus candides et pour ceux qui pensent qu’il ne faut pas toujours taper sur les mêmes, je vous recommande de prendre quotidiennement la ligne 13), la RATP n’est même pas capable d’assurer une qualité de service à ses propres salariés.
Voici un petit florilège des conclusions issu du rapport :
Les directeurs salariés ne se trouvent cependant pas en mesure d’exercer leurs responsabilités de gestion des activités dont ils ont la charge. Ils sont, en règle générale, mis à l’écart, par les élus qui leur ôtent tout pouvoir d’initiative, de pilotage et de contrôle. Il en va ainsi dans les relations avec les fournisseurs, domaine réservé des élus, lesquels méconnaissent en outre fréquemment les règles internes du comité d’entreprise imposant la consultation de plusieurs entreprises. Il en va également ainsi dans le domaine du recrutement du personnel, où les élus décident seuls sans associer les directeurs contrairement aux dispositions des règles internes.
On constatera dans le cas présent que les élus prennent seuls des décisions passant outre les règles définies en interne. Cela a pour conséquence des emplois redondants ou des fournisseurs exagérément onéreux comme l’illustre le rapport.
La gestion du personnel salarié du comité central d’entreprise est défaillante à plusieurs égards : les effectifs augmentent dans un contexte de stagnation de l’activité et la masse salariale consomme désormais 53 % de la subvention versée par la RATP. Les démissions et licenciements sont nombreux et coûteux. Certains postes stratégiques restent vacants plusieurs mois, voire plusieurs années.
Ces phrases se passent de commentaires.
L’absence d’obligation comptable des comités d’entreprise, simplement tenus, aux termes du code du travail, d’établir un « compte rendu» annuel indiquant « les ressources et les dépenses », n’est pas sans risques pour des entités comme le comité central d’entreprise de la RATP qui emploie des centaines de salariés, gère des budgets et des actifs de plusieurs dizaines de millions d’euros.
Cela veut dire que des personnes sans aucune expérience de gestion de compte ne sont même pas soumises à des contrôles internes, ou les contournent, et que personne ne peut s’assurer de la bonne tenue d’un budget de 53 millions d’€uros.
La gestion de la restauration collective, qui, avec l’organisation des séjours de vacances, constitue l’activité la plus lourde en termes d’enjeux financiers mais aussi de bien être social des agents de la RATP, se caractérise d’abord par son opacité. Le directeur des restaurants et ses services ne disposent pas des outils leur permettant de piloter l’activité dont ils ont la charge. Ils n’ont pas de relations avec les fournisseurs et ne disposent pas des données leur permettant de comparer les prix facturés au comité d’entreprise avec les prix du marché. Or, les éléments disponibles tendent tous à montrer que le comité d’entreprise accepte de payer les denrées alimentaires à un prix supérieur aux prix du marché. Par ailleurs les défaillances dans les circuits de traitement des factures conduisent à des doubles paiements répétitifs au profit de certains fournisseurs.
Alors là, c’est affligeant, rappelons-nous quand même que nous parlons de l’argent destiné aux salariés de la RATP.
Les résultats de l’activité en matière de vacances ne sont pas à la hauteur des ambitions sociales affichées par les élus puisque moins de 13 % des salariés de la RATP font appel au comité d’entreprise pour leurs séjours de vacances et, que parmi ceux-ci, ce sont les agents les moins défavorisés qui sont majoritaires. Des propositions de révision de la politique tarifaire cohérente avec l’objectif social du comité d’entreprise émises par les services, restées à ce jour sans suite, pourraient être discutées.
Pire encore : les rares à profiter de leurs activités sont les plus aisés…
S’il n’est qu’un paragraphe à lire, il s’agit bien de la conclusion générale page 103 pour bien comprendre l’imbroglio financier de ce C.E.
Peut-être que les salariés devraient plutôt faire grève contre les agissements de leur comité d’entreprise plutôt que de nous polluer la vie dès qu’un contrôleur a un ongle incarné.
Pour conclure, deux extraits de l’introduction du rapport :
L’enquête de la Cour a mis en lumière que cette mission n'était pas exercée de façon à répondre correctement aux intérêts des salariés de la RATP et de leurs familles.
A la suite de son contrôle, la Cour, en application de l’article R. 135-3 du code des juridictions financières, a demandé au procureur général près la Cour des comptes de saisir le garde des sceaux, ministre de la justice, de certains faits de nature à motiver l’ouverture d’une action pénale. En raison des règles de confidentialité applicables, il n’en est fait aucune autre mention dans la suite du présent rapport.
Espérons, pour les salariés du groupe, que cette histoire se termine ainsi :
« Suite à un incident technique survenu au comité d’entreprise, le trafic est complètement interrompu jusqu’à mise en place de personnes de confiance. »